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Que célèbre-t-on le 31 Octobre ?

Que célèbre-t-on le 31 Octobre ?

Richard Lougheed, professeur d’histoire à l’ETEQ nous répond.

          Il y a 505 ans, Martin Luther inaugura une réforme de l’Église en envoyant ses thèses (ou déclarations) à son archevêque, critiquant la pratique des indulgences. Son disciple, Mélancthon, affirmera que c’est à la date du 31 octobre que le moine catholique Luther a placardé ses thèses sur la porte de l’Église de Wittenbourg. Il a probablement choisi cette date (veille de la Toussaint) pour exprimer son désaccord avec toutes les superstitions autour de la Fête des morts. Si cet événement est rapporté dans une moindre mesure par l’histoire, l’effet que provoqua les thèses a été sans aucun doute le début d’un processus qui déclencha un virage radical en théologie et la division de l’Europe.

          Luther ne cherchait aucunement la division. Il voulait corriger des excès admis par tous à l’époque par rapport à la stratégie de l’Église pour lever des fonds. Luther s’attendait à une discussion posée. Mais l’Église, très hiérarchique ayant aussi le monopole du pouvoir, répondit avec des menaces et un procès pour hérésie. Si le 31 octobre 1517, Luther était encore loin de la théologie développée par les Réformateurs, il avait déjà connu une expérience de la grâce et de l’illumination biblique. Autour de lui, d’autres comme son gouverneur local, le prince électeur Frédéric, ainsi que son supérieur religieux ne voulaient pas l’ingérence de Rome. Le processus d’évaluation de la théologie de Luther ne permit pas le dialogue qu’il souhaitait mais les accusations contribuèrent à préciser ses objections et à développer une théologie très différente, en insistant particulièrement sur la grâce seule comme la base du salut et l’autorité ultime de la Bible au-dessus de la tradition de l’Église. Grâce à l’invention récente de l’imprimerie les idées de Luther se répandaient rapidement à travers l’Europe et l’Église protestante naquit.

          Commençant avec l’Église luthérienne en Allemagne, la vague « réformatrice » produisit en peu de temps l’Église réformée en Suisse, l’Église anglicane en Angleterre et les Anabaptistes, toutes appuyant les deux points de doctrine de Luther. Depuis, les Églises protestantes commémorent chaque 31 octobre cette étape décisive. Ce jour est devenu une fête nationale en Slovénie et au Chili.

          Le courage des premiers protestants et l’articulation de leur compréhension biblique et théologique nous donnent une base solide pour continuer à vivre et à partager notre foi. Alors que certains protestants aujourd’hui veulent réinterpréter le protestantisme et la Réforme comme une quête humaniste, l’ETEQ s’engage à rappeler et à équiper l’Église d’aujourd’hui sur la base des deux premiers principes protestants que Luther avait formulés : Sola Fide, Sola Scriptura.


POUR EN SAVOIR PLUS 

Blandenier, Jacques, Martin Luther & Jean Calvin : contrastes et ressemblances, Charols, Excelsis, 2008.

Blocher, Henri, « 500 ans de la Réforme », [https://lafree.ch/index.php?option=com_k2&view=item&id=4369:henri-blocher-en-appelle-a-une-nouvelle-reforme-de-l-eglise&Itemid=282]

 

Lienhard, Marc, Martin Luther : un temps, une vie, un message, Genève, Labor et Fides, 1991.

Il y a aussi des informations à propos de Luther et de la Réforme sur les sites suivants :

le Musée protestant en France : https://museeprotestant.org/

le périodique Christian History : https://christianhistoryinstitute.org/magazine/